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  • admin3600 15 h 47 min le 25 November 2016 Permaliens
    Étiquettes : , influence   

    Facebook est l’arme fatale 

    Pourquoi une entreprise qui “faisait entendre des voix en Iran et en Égypte en fait taire d’autres ici??” L’éditorialiste conservateur américain Glenn Beck posait récemment cette question dans un billet (publié sur Facebook, bien sûr). Le 18?mai, en compagnie d’autres conservateurs, il a rencontré Mark Zuckerberg, le patron du réseau social le plus populaire du monde, pour discuter des accusations selon lesquelles Facebook aurait bloqué l’affichage de sujets conservateurs sur sa plateforme. M.?Zuckerberg nie la partialité. Le sénateur républicain John Thune a demandé à Facebook de fournir plus d’informations sur le classement des sujets et des messages pour la journée du 24?mai. Cette inquiétude sur un parti pris libéral de Facebook reflète la vieille méfiance entre les conservateurs et la Silicon Valley, plutôt démocrate. Elle est exagérée. La censure présumée concerne une fonctionnalité de la version de Facebook pour ordinateur appelée “Sujets tendances”, mis en forme et sélectionnés par des employés. Elle ne s’applique pas au flux personnalisé central, sur lequel les utilisateurs passent la plupart de leur temps et où le contenu est choisi par des algorithmes. La priorité du réseau social est d’amener les gens à passer le plus de temps possible sur Facebook, ce qui signifie leur montrer le contenu le plus pertinent pour eux. Plus les gens passent de temps sur le réseau, plus Facebook vend d’annonces. Il n’a aucun intérêt à s’aliéner ses utilisateurs américains conservateurs. “Cette inquiétude sur un parti pris libéral de Facebook reflète la vieille méfiance entre les conservateurs et la Silicon Valley, plutôt démocrate. Elle est exagérée” Pourtant, ce tollé met en évidence un fait incontestable?: Facebook est un mastodonte dont l’influence politique ne cesse de croître. Le réseau social compte 1,6?milliard d’utilisateurs mensuels, dont 200?millions en Amérique. Les Américains passent en moyenne 30?% de leur temps d’Internet mobile sur les applications Facebook, dont Instagram et WhatsApp. Environ 90?% des utilisateurs américains adultes de Facebook y passent l’équivalent de deux journées de travail par mois. Facebook n’est plus seulement un lieu de socialisation virtuelle, mais une entreprise de médias qui peut façonner l’opinion publique. Facebook peut modifier l’humeur et le comportement politique des gens. En 2014, une étude a montré que voir des choses joyeuses ou déprimantes sur Facebook pouvait influencer l’humeur des utilisateurs. Une autre étude, publiée dans la revue ‘Nature’ en 2012, a déterminé que près de 340?000 personnes sont probablement allées voter lors des élections législatives de 2010 à cause d’un message vu sur Facebook, et qu’elles étaient encore plus susceptibles de le faire si l’appel à agir avait été partagé par un ami. Cette semaine, votre auteur a passé plus de temps que d’habitude sur Facebook, à faire des recherches et à procrastiner, et il a reçu une annonce ciblée pour s’inscrire aux primaires du mois prochain en Californie. Des appels à voter ou faire un don après une catastrophe naturelle ne sont pas rares. M.?Zuckerberg, qui a 32 ans, est idéaliste et parle souvent de rapprocher les gens, d’améliorer l’éducation et de faire évoluer les politiques d’immigration. Dans des allocutions publiques le mois dernier, il a critiqué “les voix timorées qui bâtissent des murs et écartent les personnes qu’elles considèrent différentes”. M.?Zuckerberg a droit à ses opinions, mais ses opinions politiques ont peu de chances d’influencer les informations offertes aux utilisateurs. Comme Google, qui utilise un algorithme pour classer ses résultats, Facebook a affiné les siens pour générer un flux RSS personnalisé en fonction de ce que le réseau sait sur chaque utilisateur, dans le but de les garder intéressés le plus longtemps possible. Si l’on considère que la réglementation américaine stipule que les chaînes de télévision ne peuvent pas faire de différence entre les annonceurs (et doivent offrir le taux le plus bas à tous les candidats qui diffusent des spots publicitaires), aucune règle semblable ne s’applique à Facebook ou à ses pairs. L’opacité de Facebook quant à la manière dont il classe les contenus et leur affichage continuera à faire enrager ceux qui soupçonnent des coups bas. Les politiques peuvent faire pression sur Facebook pour en savoir plus sur la façon dont ses algorithmes fonctionnent, mais l’entreprise n’est pas obligée de leur répondre. Les utilisateurs devront croire – comme ils le font avec Google – que le business model de l’entreprise limite les risques de parti pris. Être impartial est très rentable, et Facebook a tout à gagner en vendant de la publicité à tout le monde. Selon Borrell Associates, qui suit les dépenses de marketing, cette année, les candidats aux élections (y compris les élections locales et celles des États, sans mentionner la présidentielle) vont dépenser plus d’un milliard de dollars en publicité en ligne, 50 fois plus qu’en 2008. Facebook, comme Google, espèrent se tailler la part du lion.

     
  • admin3600 15 h 46 min le 25 November 2016 Permaliens
    Étiquettes : déficit, euro, monnaie   

    Tempête en vue sur l’euro 

    Jusqu’à présent, les marchés financiers n’ont pas bronché à l’idée d’un départ du Royaume-Uni de l’Europe. A priori en effet, ils ne croient pas à cette éventualité et de toute façon, la monnaie unique resterait en dehors du coup. Attention toutefois, des analystes comme Nicolas Baverez anticipent, s’il y a Brexit, une relance de la crise de la zone euro suite à l’incertitude créée. La réalité est plus cruelle?: le risque d’instabilité existe dans tous les cas de figure. Sortie ou pas des Anglais, les fragilités de la zone euro peuvent au moindre prétexte tourner au drame financier. Bien sûr, la BCE est en alerte avec un système anti-missile performant, mais son bouclier n’arrêtera pas tout. C’est pourquoi Hollande “le conceptuel” imagine déjà un plan B de sauvetage alors que Merkel “la pragmatique” se méfie des idées “un peu faciles” de ses amis français. “Des analystes comme Nicolas Baverez anticipent, s’il y a Brexit, une relance de la crise de la zone euro suite à l’incertitude créée. La réalité est plus cruelle?: le risque d’instabilité existe dans tous les cas de figure” Vu de Berlin, le barreur de l’Élysée n’a pas fait ses preuves – même par temps calme. C’est le principal obstacle à une refondation intelligente. Alors que l’Europe à vingt-huit connaît une montée sans précédent de l’état d’esprit populiste et sombre dans des cassures multiples, il est pourtant urgent de consolider l’avenir de la monnaie unique. L’euro souffre en effet de deux contusions majeures, de deux failles structurelles, toujours au bord de la déchirure au moindre choc, qu’il convient de traiter. C’est sous la ligne de flottaison que se passe le plus grave?: l’arrêt de la circulation des capitaux entre les États. Un comble pour une zone monétaire?! Ce dysfonctionnement est souterrain car invisible à l’œil nu du grand public. C’est le premier “souci” de la BCE que l’épargne excédentaire du Nord, Allemagne et Pays-Bas en tête, n’irrigue plus le financement des investissements du Sud. Cette segmentation s’explique par une multiplicité de divergences. Cela va de la situation financière des banques à la solvabilité des emprunteurs privés et à l’étendue des déficits de finances publiques, en passant par la faiblesse de la rentabilité du capital – comme en Italie et en Grèce notamment. La Recherche économique de Natixis, qui liste ces points, ajoute que sans les interventions de la BCE, via le “quantitative easing” (QE ou achat de titres publics), il y aurait le retour à des écarts dommageables de taux d’intérêt entre les différents pays. L’accès au financement extérieur redeviendrait dissuasif pour certains. “C’est le premier “souci” de la BCE que l’épargne excédentaire du Nord, Allemagne et Pays-Bas en tête, n’irrigue plus le financement des investissements du Sud.” Pour l’éviter, Mario Draghi, le président de la BCE, habille ses tirs d’artillerie “QE” du voile pudique de la lutte contre la déflation. En réalité, Francfort tient à bout de bras la solvabilité des emprunteurs dans les pays périphériques de la zone et masque les disparités dans la qualité des signatures. Sans cela, le spectre d’une nouvelle crise financière réapparaîtrait aussitôt. Au-delà des rodomontades habituelles contre les créanciers, c’est bien ce qu’a compris le gouvernement grec?: pour éviter la faillite, mieux vaut conserver le parapluie de l’euro et de Draghi. La seconde contusion “majeure” est en revanche en permanence sur la place publique. L’économiste Jacques Sapir est le procureur de service?: “l’euro n’est pas une monnaie car elle ne correspond pas à une autorité politique. C’est un régime de changes fixes, qui peut s’apparenter dans les faits à l’étalon-or. Il n’y a donc plus de flexibilité par le taux de change. En conséquence, l’euro est un facteur de récession car l’ajustement se fait par le marché du travail, les salaires et les quasi-salaires”, expliquait-il récemment aux Dialogues du Matin de l’Institut Diderot. “Il n’y a plus de flexibilité par le taux de change. En conséquence, l’euro est un facteur de récession car l’ajustement se fait par le marché du travail, les salaires et les quasi-salaires” Ce schéma est celui de la “dévaluation interne” dont témoigne la course à la compétitivité-coûts entre les 19 États membres. Dans un premier temps, c’est un jeu à somme nulle qui débouche dans un second temps sur des spécialisations productives différenciées, entraînant elles-mêmes de fortes disparités dans les niveaux de revenus. Au lieu d’aller vers davantage d’harmonisation, la zone euro s’enferre dans une hétérogénéité croissante. Comment remédier à ces deux failles structurelles?? À plusieurs reprises, François Hollande a mis sur la table des solutions. Notamment le 12?mars dernier, lors de la réunion à l’Élysée des dirigeants sociaux-démocrates européens?: “ceux qui sont dans la zone euro veulent aller encore plus loin. D’où l’idée d’un budget de la zone euro et d’un gouvernement de la zone euro”. C’est le “dada” des Français, leur plan B. Le nouveau gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, confirme?: “le volet le plus urgent de la réforme concerne la mise en place d’une institution forte dirigée par un ministre des Finances de la zone euro, afin de coordonner pleinement les politiques budgétaires et structurelles nationales”. “Le plus urgent concerne la mise en place d’une institution forte dirigée par un ministre des Finances de la zone euro, afin de coordonner pleinement les politiques budgétaires et structurelles nationales” Pour renouer avec une circulation fluide des capitaux entre les capitales de la zone euro, il faut pousser les feux de la coordination. Il s’agit d’institutionnaliser la capacité à coopérer. Et arriver ainsi à ce que les 8?% de PIB d’excédent commercial de l’Allemagne reviennent à 2?%, à ce que les capitaux “made in Germany” retrouvent le chemin du sud de la zone euro, au lieu de partir ailleurs dans le monde. Fort bien.

     
  • admin3600 13 h 57 min le 23 November 2016 Permaliens
    Étiquettes : femme, Islande, pouvoir   

    Pouvoir aux femmes 

    Alors que la parité hommes-femmes dans les institutions a fait récemment débat en France, rien de tel en Islande. Au pays des geysers, plusieurs femmes occupent déjà des postes clefs et c’est une mère de famille qui pourrait bien remporter la majorité des suffrages à l’élection présidentielle de ce samedi. Trente-deux ans après Vigdis Finnbogadottir, première femme au monde à avoir été élue chef d’un Etat au suffrage universel – elle a occupé le poste durant seize ans de 1980 à 1996 – Thora Arnorsdottir, une journaliste et animatrice de jeux télévisés âgée de 37 ans qui n’est affiliée à aucun parti, brigue la présidence à Reykjavik. Même si les derniers sondages plaçaient encore en tête le président sortant, le conservateur Olafur Ragnar Grimsson qui convoite un cinquième mandat de quatre ans, Thora Arnorsdottir pense pouvoir le coiffer sur le fil après avoir dû interrompre sa campagne courant mai pour donner naissance à son troisième enfant, une petite fille. Ainsi vit l’Islande où l’on trouve tout à fait normal qu’une femme enceinte puisse mener campagne, accoucher, puis reprendre quelques jours plus tard le combat politique sans que personne ne s’en émeuve. Détail pittoresque vu de France, c’est son compagnon, Svavar Halldorsson, qui s’occupe des couches et des courses puisqu’il a du temps libre. Journaliste politique, il a mis sa carrière entre parenthèses début avril lorsque Thora a posé sa candidature à la présidentielle. Et comme le toit familial abrite au total six enfants, cela ne laisse guère le temps à Svavar de commenter la vie politique islandaise sur le réseau Twitter… Quelle que soit l’issue du scrutin de dimanche, il ne bouleversera pas fondamentalement la vie du pays car l’essentiel du pouvoir politique est en réalité détenu par le Premier ministre et son gouvernement, en l’occurrence par la sociale-démocrate Johanna Sigurdardottir qui est en poste depuis les législatives d’avril 2009. Mariée légalement à une autre femme, elle dirige un gouvernement très resserré de seulement huit ministères où la moitié des postes sont tenus par des femmes (Finances, Education, Industrie et Environnement).

     
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